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'Les imams français ne sont pas un gage de non-radicalité: de nombreux prêches ultra-orthodoxes, violents, parfois appelant au terrorisme ont été relevés chez des individus parfaitement francophones. ''

Le 18 février 2020, la Président de la République a annoncé des mesures pour lutter contre le “séparatisme islamique”: fin progressive du système des “imams détachés”, durcissement de l’accueil des “psalmodieurs” étrangers durant la période du ramadan, remplacement des “enseignements langue et culture d’origine” (Elco) par des “enseignements internationaux en langue étrangère” (EIL) avec des professeurs qui auront l’obligation de maîtriser la langue française, contrôle des financements des lieux de culte…

Un problème perçu comme exogène Toutes ces mesures sous-entendent le même constat originel: les difficultés posées par l’islam politique proviennent d’influences extérieures. Il s’agit donc de couper ces liens néfastes pour permettre le développement d’un “islam de France” qui serait en accord avec les règles et les valeurs du pays.

Les observations de ces dernières années sont loin de valider cette hypothèse. Certes, les jeunes musulmans français vivent généralement leur culte à travers leurs origines (mosquées algériennes, marocaines, etc.), ce qui peut cultiver un certain entre-soi. Toutefois, les imams français ne sont absolument pas un gage de non-radicalité: de nombreux prêches ultra-orthodoxes, violents, parfois appelant même au terrorisme ont été relevés ces dernières années chez des individus parfaitement francophones.

Ces jeunes abandonnent la petite délinquance pour se consacrer à cette “nouvelle” religion qui séduit ceux qui sont en manque de repères et d’autorité, désireux, consciemment ou non, de tester les limites de la société.

De même, en Syrie, plusieurs témoignages font état de jihadistes francophones particulièrement virulents, considérés parfois comme étant les plus radicaux des combattants… Le caractère étranger de l’imam, du psalmodieur ou de l’enseignant n’est ainsi généralement pas le facteur déterminant la radicalité et la violence du discours.

Ne pas se lancer dans la création d’un “islam à la française” Autre dimension sous-jacente aux mesures annoncées par la présidence: en contrôlant les relations avec l’étranger, l’État pourrait favoriser une certaine interprétation de l’islam. Cette vieille tentation de nombreux responsables politiques nostalgiques d’une relation concordataire avec les cultes, ne peut constituer une solution.

Outre le caractère incohérent du rôle d’interprétation de textes religieux par un État laïque pour favoriser une certaine exégèse du Coran, investir ce champ serait inefficace et contre-productif, les plus radicaux vivant à la marge de la société et refusant toute institution, particulièrement si elle est liée à l’État.

__Une bataille idéologique supposant un renforcement de l’action de l’État __

Dès lors, quelles pistes de solutions envisageables pour faire face à ce séparatisme parfois prélude à la radicalisation et au terrorisme?

L’étude des trajectoires biographiques des individus radicalisés (cf: “Qui sont-ils? Enquête sur les jeunes musulmans de France″) comme celles des terroristes est riche d’enseignements. Si le passage de la petite délinquance au jihadisme n’est pas automatique, il est régulièrement constaté. À l’instar de Mohamed Merah, l’un des assaillants du Bataclan, Omar Mostefaï, a par exemple été condamné huit fois entre 2004 et 2010 sans jamais être incarcéré.

__Une prise en charge forte dès le premier acte de délinquance pourrait permettre de briser cet engrenage. __

Parmi les jihadistes parfaitement francophones (parfois nés en France), ce profil n’est pas isolé: superficiellement religieux pendant leur parcours délinquant (violences gratuites, vols, trafics…), ces jeunes ont adopté une autre vision de l’islam: ils abandonnent la petite délinquance pour se consacrer à cette “nouvelle” religion qui séduit des jeunes en manque de repères et d’autorité, désireux, consciemment ou inconsciemment, de tester les limites de la société.

Comme l’évoque le docteur Maurice Berger, une prise en charge forte dès le premier acte de délinquance pourrait permettre de briser cet engrenage: en appliquant des peines fortes et fermes, une nouvelle chance peut être donnée à ces jeunes. Trop souvent ”école de la radicalité”, une attention particulière doit par ailleurs être accordée à l’incarcération en isolant certains profils (ce qui suppose la construction de nouvelles places de prison). Les jeunes délinquants incarcérés ne sont pas voués à tomber dans l’extrémisme ou à vivre à la marge de la société: en leur imposant un cadre (obligation de travailler et/ou suivre une formation en étant incarcérés), ils augmentent les chances d’une réinsertion réussie.




__L’État doit affirmer sa force à travers des actes concrets sans s’embourber dans des débats théologiques. __

Parfois méprisé pour sa faiblesse, l’État doit ainsi affirmer sa force à travers des actes concrets sans s’embourber dans des débats théologiques: s’attaquer à la petite délinquance avec une plus grande fermeté (de l’interpellation jusqu’à la réinsertion), faire respecter ses lois partout sur son territoire et sans exception, refuser la discrimination (négative ou positive), avoir la même exigence en matière d’éducation avec tous et défendre le modèle français refusant de céder du champ aux intermédiaires auto-proclamés entre les citoyens et l’État.

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